Gynécologue, directeur de marque et chef de centre de service, qu’ont en commun ces professions ? Bien que cela ressemble au début d’une blague, ces métiers ont en réalité été nommés par le site de recherche d’emploi Superjob comme ceux proposant les postes vacants les mieux payés à Moscou en mai 2019.
Alors que le gynécologue domine le classement avec un salaire débutant à 500 000 roubles (6 820 euros), vient ensuite le directeur de marque (420-600 000 roubles – 5 730-8 180 euros), puis chef de centre de service (300-350 000 roubles – 4 090-4 770 euros). Le top 5 comprend également les métiers de comptable senior (250-400 000 roubles – 3 410-5 460 euros) et de conseiller en gestion du capital humain (à partir de 205 000 roubles – 2 800 euros).
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Vous pensez que ces revenus sont communs en Russie ? Absolument pas. En mars 2019, le salaire moyen dans le pays atteignait les 46 324 roubles (630 euros), avec Moscou (95 179 roubles – 1 300 euros), le District autonome de Iamalo-Nénètsie (96 391 roubles – 1 315 euros) et le District autonome de Tchoukotka (100 392 roubles – 1 370 euros) sortant du lot comme étant les régions aux plus hauts revenus moyens. Traditionnellement, les régions affichant les meilleurs chiffres sont celles du Grand Nord et de l’Extrême-Orient, suivies par Moscou et Saint-Pétersbourg.
Comment donc expliquer cela ? Le Grand Nord et l’Extrême-Orient abritent tout simplement la majorité de l’industrie nationale d’extraction de pétrole, de gaz et d’autres matières premières et les importants salaires qui y sont proposés permettent en réalité de compenser le haut coût de la vie, le climat rude et l’éloignement.
Les hauts salaires à Moscou et, dans une moindre mesure, à Saint-Pétersbourg, sont quant à eux dus au fait que s’y trouvent le siège de presque toutes les plus grandes compagnies du pays ainsi que de nombreuses corporations internationales. La capitale russe rassemble également les autorités d’État, les institutions financières, les établissements des technologies de l’information et les géants nationaux du Web, ce qui implique que la quasi-totalité des hauts cadres et des professionnels les mieux rémunérés résident ici, ou à Saint-Pétersbourg.
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Toutefois, ces moyennes restent … des moyennes. Comme les experts de l’agence RIA Rating le soulignent, en réalité, un travailleur moyen russe peut gagner n’importe où entre 17 000 et 44 000 roubles (230 – 600 euros) par mois. C’est ce que touche environ la moitié des citoyens en activité, tandis qu’un quart gagne plus, un autre moins.
Lorsqu’il est question de salaires, il convient de rappeler le changement drastique de la valeur du rouble en 2014 : passant d’environ 40 roubles pour 1 euro à 75-80, avec des pics allant jusqu’à 100. Bien entendu, les Russes n’aiment que peu en parler, car cela a depuis rendu leurs voyages à l’étranger deux fois plus onéreux.
En Russie, le minimum vital a atteint, à la fin 2018, 10 287 roubles (140 euros) par mois, et tandis que cela semble un bon résultat compte tenu du salaire moyen de 630 euros, les critères de calcul des autorités ne prennent en compte que les besoins les plus primaires, la moitié correspondant à l’alimentation, l’autre aux services. Aussi, en 2018, 18,9 millions de personnes (12,9% de la population totale) étaient en dessous de ce seuil de 140 euros.
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Par conséquent, quelle somme les Russes considèrent-ils nécessaire ? En mai, la holding russe d’étude Romir a demandé à 1 500 citoyens à travers le pays de préciser ce qu’ils pensaient être le revenu suffisant pour qu’une famille de trois membres puisse vivre décemment dans leur ville. Un peu plus de la moitié (51%) a alors indiqué entre 60 et 120 000 roubles (820 – 1 640 euros) mensuels, 25% ont choisi la tranche 45-60 000 (610 – 820 euros) et 11% ont jugé que plus de 120 000 roubles (1 640 euros) sont nécessaires. Seulement 1% ont affirmé n’avoir besoin que de 20 000 roubles (270 euros).
La médiane, comme l’ont calculée les experts, s’élève donc à 78 000 roubles (1 060 euros). Or, il s’agit d’un montant inférieur de 8 100 roubles (110 euros) aux revenus d’une famille moyenne comprenant deux personnes en activité. Cette tendance positive a débuté l’an dernier, lorsque le salaire réel (salaire nominal indexé sur l’inflation) a commencé à dépasser les attentes, un phénomène qui n’était pas arrivé depuis 2009.
Les besoins financiers des Russes ont ainsi retrouvé leur niveau d’avant la crise de 2014, soutient Andreï Milekhine, président de Romir. « Les Russes ont appris à vivre et à dépenser leur argent plus rationnellement. Même le fait que les salaires officiels soient en croissance, comme Rosstat {agence fédérale de statistiques] l’a enregistré, n’a pas changé la mentalité que les Russes ont acquise durant la période de crise, explique-t-il. Il est difficile de dire si cette approche sobre et grandissante à l’égard de la planification de son budget est bonne ou mauvaise, mais une chose est claire, les Russes ont changé, tout comme leurs habitudes de consommation ».
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Il est néanmoins intéressant de noter que les Russes semblent de manière générale satisfaits de leur emploi et n’accordent en réalité pas tant d’importance que cela au salaire. Selon un sondage du Centre panrusse d’étude de l’opinion publique (VTsIOM), réalisé en mai 2019, 85% des répondants affirment en effet aimer leur métier, et 56% assurent qu’ils continueraient à travailler à ce même poste même s’ils n’avaient plus du tout besoin d’argent. Et vous ?
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